Le 2ème Congrès du Futur a rechargé nos batteries

« Ecouter la France qui pousse plutôt que la France qui tousse. » Toute la journée, ces mots de Mathieu Baudin , directeur de l’Institut des Futurs Souhaitables (IFS), ont résonné dans ma tête. Et elle est belle, la France qui pousse !

L’objectif de ce deuxième Congrès du Futur, qui s’est tenu vendredi 24 juin à la Gaîté Lyrique, à Paris, était clair : « recharger les batteries » de 150 inventeurs du monde de demain. Parce que donner vie au monde à venir avec les contraintes du monde d’aujourd’hui, c’est enthousiasmant, mais c’est fatigant… « Ça fait du bien de souffler un peu, me glisse Guillaume Capelle, del’association SINGA, qui agit en faveur de l’accueil et de l’intégration des réfugiés au sein de la société française. On a tellement la tête dans le guidon ! »

L’équipe et les bénévoles de l’IFS ont donc construit une journée pour leur apporter une bonne dose d’énergie positive et d’optimisme, permettre de mettre en commun les ressources de chacun dans une « give box géante », pour en faire des « armes de construction massive » à diffuser largement. Le slogan de la journée, présent sur les tee-shirts de la « dream team » et en vente pour souvenir, résumait bien un des partis pris de l’IFS : « L’avenir ne se prévoit pas, il se prépare. » Ensemble.

L’humanité intime

Alice Vivian et Yves Mathieu, nos Madame et Monsieur Loyal, ont rappelé en ouverture le mot de passe de l’après-midi : l’humanité intime. Le premier atelier invitait les participants, réunis en territoires (médias positifs, entrepreneurs du changement, robotique éthique…), à se mélanger les uns les autres en faisant confiance à la trentaine de bénévoles présents pour prendre soin d’eux. Chacun a marché dans la salle de la plénière, les yeux fermés, dirigés par la seule voix de Jean-Luc Verreaux, délégué général de l’IFS.

C’était joli à regarder, ce spectacle, ballet délicat, doux mélange de ceux qui allaient et venaient à l’aveugle d’un pas décidé et de ceux qui tâtonnaient, pas encore bien sûrs de pouvoir s’abandonner. Trois fois, ils se sont arrêtés : pour se regarder, s’écouter et se toucher, avant de constituer des binômes. Par paire, ils ont réfléchi à trois moments de leur vie de réinventeurs où ils ont affronté et surmonté des obstacles. A tour de rôle, ils se sont raconté ces instants de doute et les ressources qu’ils avaient mobilisées pour passer outre, matérialisées par des post-its (lâcher-prise, confiance, humilité, remise en question, inspiration…), affichés sur un grand panneau par ordre alphabétique. L’IFS partagera très bientôt ces ressources, mises en forme par des facilitateurs graphiques.

Camille et Clémence Pène, deux sœurs très impliquées dans le champ numérique, ont vécu une expérience assez différente, avec des points communs. « Mes trois obstacles étaient très rapprochés dans le temps et très concentrés sur mon travail, explique Camille. Les questionnements de mon binôme étaient beaucoup plus existentiels. » Clémence dit un peu la même chose : « Face aux réflexions de mon binôme, qui intriquaient vie professionnelle et vie perso, j’avais un peu l’impression d’être une psychorigide de bureau ! ». Sourire. « Il m’a donné des clés, en me suggérant notamment de m’allier avec d’autres personnels administratifs qui voudraient aussi faire bouger les lignes, pour me sentir moins seule. »

La convergence, mot-clé de la plupart des participants pour résumer ce qu’ils ressentent. « J’ai rencontré aujourd’hui des gens animés par la même dynamique, quels que soient leurs domaines », me raconte à la pause David Guez, cofondateur de LaPrimaire.org. « Nous sommes au pied du mur à bien des égards, explique quant à lui Antoine Brachet , cofondateur du mouvement citoyen Les100Barbares. Les acteurs présents aujourd’hui sentent bien que pour faire face à tous ces défis, il faudra se serrer les coudes. » Le « barbare bienveillant » appelle d’ailleurs tous ceux qui le souhaiteraient à rejoindre le collectif qui se fédère en ce moment autour de la candidature à la présidentielle de Julien Letailleur, personnage principal de son roman Un Peuple Totalitaire ?

Nourrir le bon loup

Après l’exploration des obstacles personnels et des moyens d’y faire face, place au World Café, deux heures d’échange autour cette fois des obstacles auxquels la société est confrontée. Une vingtaine de groupes a d’abord réfléchi à un certain nombre de problématiques avant de retenir celle qui leur paraissait centrale. Les groupes ont ensuite changé, en partant de cette première base, pour formuler des ressources, personnelles et collectives. Un troisième tour a permis d’essayer d’être encore plus concret. Pour se ressourcer entre chaque round, Monsieur et Madame Loyal ont guidé des petits moments de méditation, en compagnie d’Elyx, le petit personnage en bâtons de Yacine Aït Kaci , alias YAK.

Plus que les contenus et les résultats des ateliers, que vous pourrez retrouver sur la plateforme du Congrès mise à jour, je retiens surtout la qualité des échanges et de l’écoute. Presque tous les groupes ont nommé comme obstacles la peur des autres, la méconnaissance de soi, l’inadéquation du système éducatif ou le manque de récit collectif. Face à cette réalité anxiogène, les réinventeurs ont opposé leur soif de faire ensemble, autrement.

Le travail d’un groupe en particulier retient mon attention. Il fait écho à de riches discussions que nous avions eues, notamment avec Anne-Sophie Novel et Valérie Zoydo, à Place To B, pendant la Conférence de Paris sur le climat, juste après les attentats de novembre 2015. Il reprend le mythe amérindien du bon et du mauvais loup.

A l’intérieur de chacun de nous, et à l’œuvre dans la société, deux loups coexistent et se livrent un combat permanent. L’un est mauvais : il renvoie à la tristesse, la fermeture, l’arrogance, la colère, le mensonge… L’autre loup incarne la bonté, la paix, la joie, l’amour, la confiance, la bienveillance. A l’enfant qui lui demande quel loup vaincra, le vieux sage répond simplement :« Celui que tu nourris ! ».

Cette légende, simple et symbolique mais très puissante, résume bien à mes yeux la prise de conscience nécessaire face à l’ensemble des obstacles évoqués. Pour trouver des réponses, commençons par nourrir « le bon loup », en nous et dans le monde.

De l’émerveillement et de l’optimisme offensif

Mathieu Baudin observe l’« optimisme offensif » qui se manifeste dans les échanges. « On sent davantage que l’an dernier la volonté de s’organiser et de se mettre en marche, face à un destin commun. », me confie-t-il. YAK a eu la même impression. « Nous sommes toujours optimistes, c’est notre ADN, mais l’urgence et la responsabilité d’agir sont bien plus présentes. »

L’après-midi a passé à vitesse grand V. Il est temps d’accueillir de nouveaux invités pour la plénière de clôture, qui ouvre aussi la soirée du Congrès du Futur. Mon moment magique, c’est l’intervention de Jean-Pierre Goux,mathématicien amoureux de la Terre. Il nous a demandé de nous asseoir, nous a raconté son histoire et celle de son projet Blueturn. Je l’avais déjà entendue lors du dernier TEDxVaugirardRoad et je vous la raconterai plus longuement très bientôt, mais elle ne cesse de me frapper de beauté et de justesse.

Jean-Pierre et son associé travaillent à rendre accessibles au grand public l’overview effect, ce choc cognitif qui apparaît lors des vols spatiaux, quand la Terre est remise en perspective dans l’espace, sublime et suspendue dans le vide. L’auteur de Siècle Bleu nous a lu une méditation, toute stratosphérique, avant de nous projeter une vidéo de la Terre, réalisée à partir d’images de la NASA. Silence et inspiration dans la salle. Puis ovation pour Jean-Pïerre.

Le Grand Témoin de la journée, l’animateur et producteur Frédéric Lopez, en est encore tout troublé quand il prend sa suite sur la scène. « C’est la première fois que je prends la parole en revenant de l’espace, commence-t-il. Je trouve très émouvant le sentiment d’appartenance que génère l’overview effect. » Il revient sur sa rencontre avec Mathieu Baudin, point de départ de sa présence au Congrès. « J’aime sa manière, qui est aussi celle de l’IFS, de mêler le cérébral et les sensations. Il ne manie pas seulement les concepts ; il s’adresse au cœur. » Lui qui aime tant convaincre son auditoire, il est en terrain conquis. « Ici, tout le monde est convaincu. Je repars en ayant l’impression d’avoir mieux vu ces bougies qui brillent fort dans un monde obscurci. »

Il est temps de remercier l’équipe de l’Institut des Futurs Souhaitables et la trentaine de bénévoles (facilitation, logistique, comm et médias…) qui ont fait de cette journée une réussite. Remercier aussi les Tambourlingueurs, un groupe de musiciens qui ont rythmé toute la journée et nous offrent un concert pour terminer en beauté cette plénière. La soirée s’est ensuite égrenée, au son du Solar Sound System. On était contents de se détendre, de se parler, de se retrouver.

Quelques jours ont passé, et alors que j’écris ces mots, deux clins d’œil me viennent. Le premier, à notre Grand Témoin, Frédéric Lopez : ce Congrès du Futur, c’était une véritable « parenthèse enchantée ». Le deuxième, à Sandrine Roudaut Rotillon, éditrice et auteure du livre L’utopie, mode d’emploi : ce 24 juin, nous avons fait un très beau « voyage en terres humaines ». Vivement le prochain !

L’Institut des Futurs Souhaitables enverra très bientôt une Newsletter spéciale Congrès du Futur avec quelques-uns des contenus produits, avant d’en mettre davantage en ligne, dans le courant de l’été. Suivez aussi leurs aventures sur Le blog de l’IFs.

Crédits photo : Nicolas Kaplan >> Un grand merci pour ta vision !

Billet initialement publié sur Medium : suivez-moi par ici !

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :