En pleine transition, professionnelle et personnelle, j’ai eu envie de relire L’Alchimiste, de Paulo Coelho. J’étais sûre que ce conte philosophique allait résonner avec ce que je vivais. Et j’avais bien raison ! Retour sur les enseignements que j’en tire.
« Peut-être Dieu a-t-il créé le désert pour que l’homme puisse se réjouir à la vue des palmiers. » J’ai laissé cette phrase résonner longuement en moi ; j’ai même posé le bouquin. En ce moment, j’ai l’impression d’être dans un désert peuplé d’oasis. Et « la seule chose qui change dans le désert, ce sont les dunes, quand souffle le vent. »
L’Alignement, ma Légende Personnelle
Tout au long de ma relecture de L’Alchimiste, je me suis demandée : « Mais toi, dans le fond, c’est quoi, ta Légende Personnelle ? Ton trésor, celui que tu as envie de poursuivre, coûte que coûte, parce qu’il est si important qu’il donne un sens à ta vie ? » Peut-être que je formulerais les choses autrement dans 10 ans, comme je ne les aurais pas énoncé comme ça il y a 10 ans, quand j’ai lu pour la première fois ce petit conte à forte portée.
Je pense aujourd’hui que ma Légende Personnelle, c’est l’Alignement. Trouver un boulot qui me nourrisse intellectuellement et remplisse mon frigo, qui soit réjouissant, varié et centré autour des valeurs humaines que j’ai envie de défendre en tant que personne : la solidarité, la bienveillance, la justice, l’innovation, la créativité. M’entourer de gens – dans toutes les sphères – qui partagent mes valeurs et mon envie de changer le monde. Etre alignée avec moi-même aussi, et réduire les contradictions qui existent trop souvent entre ce que j’aimerais être et ce que je suis ou ce que je fais.
Comme dans l’Alchimiste, je poursuis sans relâche ma Légende Personnelle, et je ressens parfois que la Chance du Débutant laisse la place à l’Epreuve du Conquérant. Cet alignement, ce sens si vital pour moi, je dois aller le chercher avec les dents quand j’ai envie de les serrer. Quand j’en fais fi, ma Légende Personnelle se rappelle à moi. Elle met des signes sur ma route que je ne peux pas occulter. Mais quand je me mets à son écoute, mon quotidien se met à chanter. « Quand une personne poursuit sa Légende Personnelle, l’univers tout entier s’efforce de lui faire obtenir ce qu’elle cherche. »
A l’écoute du Langage du Monde, je suis aussi plus à même de le parler. Et l’Ame du monde, présente partout, me répond. « A la vérité, les choses ne révélaient rien par elles-mêmes ; c’étaient les gens, qui en observant les choses, découvraient la façon de pénétrer l’Ame du monde. » Voilà encore une parole sage… A moi d’interpréter les signes, et de faire confiance au Mektoub, « ce qui est écrit », en arabe.
Améliorer le présent pour changer le futur
Ce destin, jamais gravé dans le marbre, dépend en grande partie des choix que nous posons chaque jour. « C’est dans le présent que réside le secret, rappelle le devin sur la route du jeune homme ; si tu fais attention au présent, tu peux le rendre meilleur. Et si tu améliores le présent ce qui viendra ensuite sera également meilleur. » Ou encore, plus loin, sur le même thème : « Lorsque nous cherchons à être meilleurs que nous le sommes, tout devient meilleur aussi autour de nous. »
C’est simple, c’est du bon sens, mais ça me semble tellement vrai ! Si je veux améliorer le futur, qui pour l’instant m’apparaît flou et incertain, je dois commencer aujourd’hui : choisir et semer des graines, les arroser avec amour, jeter celles qui pourrissent, parler à l’oreille de celles qui germent, les regarder pousser. Et recommencer.
« Il n’y a qu’une façon d’apprendre, c’est par l’action. », nous explique L’Alchimiste. En cette période complexe, j’ai identifié que j’avais surtout besoin d’agir, de faire, et chez moi, ça se traduit notamment par le besoin d’écrire. Etre davantage à l’écoute de cette envie de créer, de raconter. Laisser libre cours plus souvent à ces moments de flow où mes doigts se baladent sur le clavier avec dextérité pour traduire en mots ce que vivent les autres et les tréfonds de mes pensées.
Agir, aussi, en cultivant mes relations amicales, celles qui me nourrissent, m’enrobent, m’accompagnent, me font du bien. Etre plus présente pour ces personnes que j’aime, mais qui ont parfois du mal à me suivre, moi, le tourbillon, « le fleuve qui déborde ». Leur donner le meilleur de moi-même, mon authenticité, ma sincérité, connectée à nos échanges et moins à mes réseaux sociaux.
Composer avec la peur d’échouer
Agir, en surmontant la peur. Celle d’échouer ou d’être médiocre. Celle de me tromper. « Celui qui vit sa légende personnelle sait tout ce qu’il a besoin de savoir. Il n’y a qu’une chose qui puisse rendre un rêve impossible, c’est la peur d’échouer. » Il s’agit là d’entendre la peur, pas de l’occulter. « Ecoute ton cœur, même – et surtout – quand il a peur. », nous dit en substance l’Alchimiste.
En arpentant ces pages qui m’avaient tant marquée plus jeune, je repense à une vidéo, publiée il y a quelques jours par mon ami Thibaud Gangloff, sur sa page SoTibo. « Notre cerveau nous ment », nous explique-t-il. Nous sommes entourés de monstres qui nous font peur mais ne sont que la création de notre cerveau. Il cite l’entrepreneur Seth Godin : « l’inquiétude est l’acte d’expérimenter l’échec de manière répétitive dans nos têtes, avant qu’il ne soit arrivé ». Je retiens ses conseils, précieux et dans la droite ligne de ceux de l’Alchimiste : la prochaine fois que je veux prendre un risque, j’essaierai de « planifier le meilleur scénario possible » plutôt que le pire, et d’envoyer « mon cerveau balader », parce que la réalité est moins pire que ce qu’il me dit.
Alors que j’achève ma lecture, un article de l’optimisme fait aussi écho à ma réflexion. Il liste 10 personnalités qui ont connu l’échec avant la réussite. Mention spéciale à Marilyn Monroe. Oui, j’ai envie comme elle de « rêver plus fort ».
S’abreuver d’amour
Rêver plus fort, ça veut aussi dire aimer plus fort. Les parents, les amis, les amants. C’est également savoir lâcher prise. Quand Santiago rencontre l’amour dans l’oasis du désert, il décide de ne pas renoncer à la quête de son trésor et de poursuivre son chemin.
« Si je fais partie de ta Légende Personnelle, tu reviendras un jour », l’encourage même Fatima. Sommé de se transformer en vent sous peine de mourir, le jeune homme a ces jolies paroles pour expliquer l’amour au vent, justement : « Quand on aime, on a aucun besoin de comprendre ce qui se passe, car tout se passe alors à l’intérieur de nous, et les hommes peuvent se transformer en vents. »
« Si ce que tu as trouvé est fait de matière pure, cela ne pourrira jamais, lui dit l’Alchimiste quand la peur de laisser l’amour derrière lui manque de l’emporter. Et tu pourras y revenir un jour. Si ce n’est qu’un instant de lumière, comme l’explosion d’une étoile, alors tu ne retrouveras rien à ton retour. Mais tu auras vu une explosion de lumière. Et cela seul aura déjà valu la peine d’être vécu. »
En refermant L’Alchimiste, je me sens plus alignée avec ce que je vis. J’accepte la complexité de cette période, comme les sentiments que j’y traverse. J’ai envie de donner un nouveau souffle à ma quête, qui finalement ne me quitte jamais d’une semelle. J’ai envie d’écouter davantage mon cœur, même quand il a peur. J’ai envie de m’abreuver d’amour et d’en donner, toujours plus. J’ai envie de « rêver plus fort ».
Dédicace à Catherine, grande fan de ce livre – et de Paul Coelho – qui m’aide à faire souffler tous les jours un peu plus sur ma vie le vent de l’optimisme. Vous entendrez bien vite reparler de son projet L’optimisme.