WEB #6, ou comment les Barbares vont passer à la vitesse supérieure

Le sixième weekend organisé par la tribu des 100Barbares (WEB #6) a eu lieu du 3 au 5 juin près de Mâcon. Un cadre de travail idyllique, des hôtes aux petits soins, des Barbares au taquet : tous les ingrédients étaient réunis pour inspirer chacun et avancer sur les projets de la communauté. 

En février, j’avais participé au WEB #5 et j’en étais revenue chamboulée. Depuis, c’est ma vie que j’ai bouleversée. Je partais donc à ce sixième weekend enthousiaste et pleine d’envie d’avancer sur les projets de la guilde barbare et d’autres, plus perso, à creuser.

Retour aux sources : un lieu et des liens

J’avais utilisé cette formule « Un lieu et des liens » pour évoquer Place To B, ce quartier général de la société civile et médiatique dans lequel j’ai travaillé et vécu pendant la COP21. Alors que je prépare ce billet au retour du WEB #6, cette image me paraît bien coller à notre expérience.

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Le domaine familial accueille désormais des groupes de travail.

Prissé, près de Mâcon, est un lieu emblématique de la communauté barbare : on y vient pour se dépayser, travailler, échanger, partager, mais aussi pour boire du bon vin, profiter de chaque instant autour d’un bon repas ou d’une balade au Château de Lamartine. Un lieu magnifique, un peu magique, où les vieilles pierres et les poutres respirent d’une vie passée remise au goût du jour juste pour nous inspirer.

Le lieu sans les liens n’aurait aucun sens barbare. Ce qui fait le sel de ces weekends, c’est une énergie vibratoire que j’ai rarement trouvée ailleurs. Quand on arrive au WEB, fatigués et pas encore totalement déconnectés de nos vies urbaines, on se rappelle les règles : on vient pour parler de nos projets, mais sans « moi, je » ; on fait part de son expérience, mais pour enrichir celle des autres ; on ne s’interrompt pas, mais on essaie au contraire de faire la part belle à la bienveillance et à l’accueil de l’autre.

Le WEB5 m’avait enthousiasmée à plus d’un titre. J’avais confirmé mon envie d’un boulot plein de sens, qui me permette de révéler mon potentiel et mes envies, qui suscite chez moi l’intérêt permanent et sans cesse renouvelé… Mais plus que les enseignements professionnels et personnels que j’ai tirés de cette parenthèse mâconnaise, j’ai gagné une des choses les plus précieuses à mes yeux : une bande d’amis.

Vous savez, des gens que vous aimez inconditionnellement. Que vous comprenez instantanément et qui vous comprennent sans avoir besoin d’expliciter. Avec qui vous refaites le monde, sans avoir l’impression de patiner ou de brasser du vide. Qui vous soutiennent, que vous soutenez, parce que vous partagez une vision et une envie de déplacer des montagnes sans accoucher d’une souris. Que vous êtes toujours contents de croiser, au hasard d’une rue ou d’une timeline.

Je l’ai écrit il y a peu et je le réécris aujourd’hui : « il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous ». Quand je croise un barbare de mon crew, je suis à peu près sûre de repartir avec la banane. Ou le citron, dédicace à mon amie Catherine, rencontrée justement au WEB #5, qui a décidé il y a peu de se consacrer à temps plein à son génial projet, l’Optimisme« Et si on souriait ? » : depuis février, j’essaie de faire mien son slogan quand il se passe quelque chose dans ma vie, de positif ou de négatif. Ça n’a rien de niais, c’est même l’inverse. Mon autre mano Guillaume dirait, lui, que tout est dans le mindset, l’état d’esprit, la grille de lecture qui nous permet d’appréhender le monde.

Portée par cette énergie qui irradie dans ma vie depuis février, je suis arrivée au WEB #6 en néo-freelance, sûre d’avoir pris le bon chemin sans savoir encore ce qu’il y a aurait sur ma route. Je suis venue à Prissé rencontrer de nouveaux barbares, mais accompagnée de tous ceux qui y étaient présents avec moi il y a quelques mois.

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Avec l’optimisme, on prend chaque jour sa dose de bonne humeur 🙂

Plus de place aux rencontres

L’un des enjeux de ce WEB #6, c’était de poser les prochaines pierres du développement de la communauté, en France et à l’international. Après les 5 tibétains, des rites de yoga enseignés par le doux-puissant Makhno, on a commencé notre réflexion du samedi matin par une lecture du Manifeste, à l’origine du mouvement, rédigé à Prissé il y a deux ans. Pertinent, incarné, il résonnait en chacun de nous. Il confirmait une chose : nous avons rejoint les Barbares en nous retrouvant sur des valeurs et une vision communes, en même temps qu’on y venait mettre aussi notre grain de sel.

 « Vous n’êtes pas des ovnis, a résumé notre hôte, Christophe. Vous êtes les barbares de votre temps. Vous illustrez la « tension féconde » qui s’exprime : du clivage et de la bienveillance en action, sans gnangnantisme. » La bienveillance, mot clé de la plupart de nos réflexions. Pas facile, non, mais moteur de l’action.

Si je me livre à un petit inventaire à la Prévert de notre brainstorming, je garde que les Barbares, c’est à la fois une clé de langage, un label, une étiquette, un « réseau flou de valeurs partagées », une guilde, une tribu, une communauté et une incarnation du « pari de l’optimisme ». Nous avons aussi réaffirmé la nécessité de favoriser le respect des postures de chacun, « autoattribuées, éphémères et évolutives », utilisées notamment pendant le premier événement à grande échelle à l’Archipel, en 2015. Chez les barbares, on peut être « barbatimide » ou « barbacteur » selon les jours et les envies du moment, et toujours sans jugement.

Premier livrable du weekend : un starter kit où chacun peut trouver quelques éléments pour comprendre le mouvement et voir comment s’y impliquer plus avant. Un principe : qui veut faire, fait ! On s’est aussi mis d’accord sur l’importance de nous rencontrer plus souvent « dans la vraie vie ». Et si on se réunissait le troisième jeudi de chaque mois, à Paris et partout ailleurs où bat le cœur de la communauté ? BIM : le premier événement aura lieu le 23 juin, et on espère bien réunir un maximum des 5000 personnes qui suivent les 100Barbares en ligne !

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Bosser avec cette vue de fou sur Prissé, on a vu pire !

Les Barbares vont aussi se doter très prochainement d’un média. On commencera par une newsletter, dont la première arrivera vendredi dans vos boîtes mails. On y postera chaque semaine les actualités qui nous paraissent signifiantes, des contenus produits par des Barbares en tous genres (articles, dessins…) et des événements pour nous réunir IRL.

J’ai un regret de ce WEB6 : l’absence totale de parité ! Suite à divers péripéties (grève SNCF, crues, questions perso), plusieurs des participantes ont annulé leur venue. Une pensée pour Janique et son blog de la Ménagère, qui n’ont pas dit leur dernier mot. Ça nous a fait réfléchir plus globalement aux moyens de favoriser l’expression des femmes dans les 100Barbares. Si vous avez des idées et des envies, nous sommes preneurs ! Parce que comme l’a écrit récemment Laetitia Vitaud, nous avons un besoin criant de superhéroïnes du quotidien. Elles sont là, elles font plein de choses. Il n’y a plus qu’à leur montrer que les Barbares sont un de leurs espaces d’expression.

Les civictech, sujet d’à-venir

Un autre gros sujet de discussion nous a guidés pendant le weekend : les civictech. Plusieurs d’entre nous portent des initiatives liées de près ou de loin à ces outils et plateformes qui facilitent la réinvention de la démocratie.

Avant de partir, j’avais déjà échangé sur son projet avec Florent Guignard, co-fondateur du Drenche, un média qui favorise le débat autour des grands sujets de société, pour permettre aux citoyens de s’en faire une idée et se les réapproprier. Il était venu au WEB #6 notamment pour pousser plus loin avec nous sa réflexion sur les médias et la nécessité d’inventer de nouvelles manières de produire de l’information, sensée et objective, dans le flot et le flux incessants.

J’ai aussi travaillé sur un projet perso lié aux civictech – dont je vous reparlais ici ou ailleurs très prochainement – mais je suis revenue de ce weekend convaincue qu’on avait beaucoup de choses à construire ensemble, avec Florent comme avec Louis et son projet de parti numérique. Se serrer les coudes pour porter plus haut le renouveau démocratique et favoriser l’empowerment des citoyens.

Julien Letailleur, un héros barbare

Le vrai héros de ce weekend est un personnage de roman. Julien Letailleur, de son petit nom, est le protagoniste principal d’Un peuple totalitaire ?, le roman collaboratif d’Antoine Brachet. Julien, comme on l’appelle tous avec affection, avait déjà pris vie sur les réseaux sociaux à la suite du WEB #5. Le voilà arrivé au WEB #6 fraîchement déclaré candidat à la présidentielle de 2017, pendant un événement sur les futurs de l’Etat, à Bercy.

Julien Letailleur, héros de roman et candidat à l'élection présidentielle
Julien Letailleur, héros de roman et candidat à l’élection présidentielle

Du trajet aller au retour, il nous a bien occupé l’esprit, le Julien. Il faut dire qu’il incarne à lui seul le bouillonnement qu’on ressent tous, dans chacun de nos secteurs, et l’envie de changer les choses en cassant les codes. Partir à l’assaut de tous les champs et y semer de nouvelles graines, entrer dans la Cathédrale et y mettre un peu le bazar.

En deux jours, on a pas mal avancé sur les prochaines étapes de sa vie réelle. Il va élaborer un programme avec sa communauté en devenir autour de grandes thématiques, sous ou mal traitées par les médias et essentielles pour traiter le monde de demain. Le détail viendra bien assez tôt, mais on était à peu près tous d’accord pour dire que l’avenir de la démocratie, du travail ou de l’argent allaient donner du grain à moudre à Julien et tous les tailleurs de sens qui l’entourent.

Stay tuned, en le suivant sur les réseaux sociaux (sur Facebook ou Twitter), parce que le candidat virtuel de la multitude donnera vendredi sa première interview à la télévision. Et si vous êtes attentifs, vous ne pourrez pas rater les nouvelles incroyables qu’il s’apprête à annoncer…

Et toi, c’est quoi ton driver ?

Comme au dernier WEB, les plus forts moments – ceux dont les graines semées germent bien après le retour – ont eu lieu pendant les temps « morts » qui sont d’ailleurs plutôt des temps « vivants » ! Les balades, les repas, ces instants où l’on relâche aussi l’attention mais où l’on parle vrai, sans trop se regarder le nombril. Une chanson devient vite notre hymne : Around, de Noir Haze, merci Makhno.

Christophe, notre hôte, fait partie de ceux dont l’on boit les paroles car elles sont sages. Empreintes non d’une sagesse désincarnée et lointaine, mais d’une philosophie riche et présente au monde. Il y a du Socrate maïeuticien en Christophe, accoucheur de nos projets et de nos âmes.

Moment de grâce au repas du midi, le samedi. Une discussion sur l’ennui. Qui dérive sur le sens de nos vies. De nos actions. Sur notre vision du bonheur. Christophe nous lâche une clé de lecture assez puissante. « Deux grands drivers se retrouvent chez chacun de nous. Chez certains,  le besoin d’être utile et valable à ses propres yeux domine, quand chez les autres, c’est le besoin d’être aimé. »

On fait le tour de la table : « Et toi, qu’est-ce qui te drives ? ». On finit par se demander : « et si, qu’on soit drivé par l’un ou par l’autre, on essayait de transformer la zone de souffrance en zone de tension ? Et si, on résonnait davantage avec ce qui se passe dans nos vies, que les événements soient favorables ou défavorables ? »

Un détour par la pédagogie, tout en poésie. « Les parents et les pédagogues sont des metteurs en scène, nous dit encore Christophe, pas des chefs d’orchestre. Ils s’assoient dans le public quand le spectacle commence. »  « Les enfants, eux, nous élèvent », lui répond en écho Antoine.

En conclusion, un poème soufi : « Le bonheur, c’est d’être ce que l’on était avant d’être, en se souvenant de ce qu’on a été. » A méditer. En attendant la prochaine rencontre barbare…

Merci à Antoine, Aymeric, Florent, Makhno, Alexis, Yves, Louis, Didier, Maël, Christophe, Odile et Laurence. Et une grande pensée pour les amis du WEB #5.

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