Socialter: une conférence éditoriale collaborative sur l’éducation

Ce matin au Numa, le nouveau centre parisien de l’innovation et du numérique de Silicon Sentier, le magazine Socialter tenait sa première conférence de rédaction collaborative.

Le but de cet échange: faire émerger les principaux thèmes du prochain dossier consacré à l’éducation. Chercheurs, acteurs du monde de l’éducation et journalistes ont croisé leurs points de vue sur les innovations pédagogiques et les enjeux de l’éducation du futur. Morceaux choisis de ce « warm up » novateur.

Les MOOC: analyse critique

Quand on parle innovation et éducation, on a vite fait de se retrouver à parler des MOOC (Massive open online course), ces « cours en ligne ouverts et massifs » qui ont d’abord été initiés par les grandes universités américaines (cf notamment Coursera). Ça a aussi été le cas ce matin, mais plutôt pour en souligner les limites et rappeler qu’ils ne sont que « le dernier avatar de l’éducation à distance ». La première difficulté est technique: tout le monde n’a pas encore un accès à un ordinateur.

La suivante est culturelle. Les partisans des MOOC prônent qu’ils offrent à tous l’accès à l’éducation. Mais un intervenant présent au dernier sommet Wise, au Qatar, un rendez-vous international dédié à l’innovation éducative, nous expliquait que pour certains responsables de pays en développement, les MOOC constituent une nouvelle forme d’impérialisme culturel, empreint de l’élitisme américain. Il démontrait aussi une autre limite: le marché explose et on ne sait plus trop comment s’assurer du sérieux et de la qualité des formations. Attention aussi à ce que certains n’en profitent pas pour faire du « socialwashing », par analogie avec le « greenwashing » du développement durable.

Le succès des MOOC questionne aussi le rôle de l’enseignant. Comment repenser l’interaction, l’évaluation ? Va-t-il disparaitre ? Deviendra-t-il un tuteur, un mentor dans l’école de demain ?

Repenser la pédagogie

Au-delà de l’enseignement supérieur, c’est dès le primaire qu’il faut réformer les pratiques. Les enseignants français bénéficient de davantage de matériel numérique qu’il y a quelques années, mais ils manquent de formation à des pédagogies plus innovantes. Autre question qui taraude Jérémie Ferrer-Bartomeu, ancien professeur en charge du Comité éditorial de Socialter: que fait-on pour les « décrocheurs », ces 17% de jeunes qui sortent du système scolaire sans qualification? Des établissements adaptés voient le jour, comme le micro-lycée de Sénart, dans le Val de Marne.

Mais la solution n’est pas à la hauteur du problème et le système reste très violent. Des acteurs privés peuvent aussi aider. Simplon.co forme par exemple au code des filles et des jeunes de quartiers défavorisés. Et de plus en plus de structures comme le SynLab de Florence Rizzo veulent aider les acteurs éducatifs à intégrer « les dimensions humaines et sociales dans leurs pratiques pour permettre la réalisation du potentiel de chaque enfant ».

Et partout dans le monde, ça bouge. Il faudrait faire une belle double dans le dossier sur toutes ces initiatives, comme celle de la colombienne Vicky Colbert, qui vient d’être récompensée au sommet Wise, au Qatar. Sa « nouvelle école » (escuela nueva) prône une pédagogie repersonnalisée et un apprentissage coopératif. Des innovations qu’étudie le Centre de Recherches Interdisciplinaires (CRI) et des chercheurs comme François Taddéi, très connu dans son secteur mais très peu du grand public.

Des acteurs innovants

Ce matin, d’autres acteurs éducatifs ont apporté leur expérience. Caroline Delboy est co-fondatrice de SenseSchool, un projet d’école né de MakeSense, une communauté de jeunes autour de l’économie sociale et solidaire. Ce qui l’intéresse: repenser l’expérience éducative, booster la créativité. Par le jeu, des équipes pluridisciplinaires résolvent les problèmes que leur posent des entrepreneurs sociaux. La jeune femme le reconnait: c’est un challenge pour SenseSchool de toucher un plus grand public, en dehors du cercle élargi de connaissances. Reste aussi à voir comment mieux valoriser la participation à ces ateliers dans sa recherche d’emploi.

Autre projet intéressant: Eduklab. Ce site de financement participatif pour les étudiants a vu le jour en octobre. Alors que les subventions baissent pour la recherche, de plus en plus d’étudiants doivent aussi se faire entrepreneurs pour financer leurs études, leur recherche ou un projet éducatif.

C’était prévu et prévisible que la discussion dépasserait le cadre de Socialter. Prochaine étape: mettre de l’ordre dans tout ça. Et continuer d’échanger par mail ou par le biais d’un Google group pour que ce dossier sur l’éducation soit collaboratif jusqu’au bout. Enthousiaste !

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