Tenir un blog ? Pourquoi pas moi !

En deux clics, n’importe qui peut ouvrir un blog sur n’importe quoi. C’est d’une facilité déconcertante. Jeune journaliste, je m’interroge depuis longtemps: si c’est si facile, pourquoi pas moi ? Je passe mon temps à écrire.

J’aime ça, c’est ce qui m’a donné envie de faire ce métier. Une passion des mots et des gens, chez moi indissociables. Mais il ne suffit pas de savoir écrire pour bloguer. Plusieurs années se sont écoulées avant que je ne me lance enfin. Voici pourquoi.

D’un questionnement citoyen et universitaire…

Le point commun entre le typhon Haiyan aux Philippines, les Restos du Coeur et le Mouvement Colibris? Un sujet qui m’a toujours intéressée et interpellée: la solidarité. Qu’est-ce qui fait qu’on se bouge pour les autres? Qu’on agit pour demain et pas seulement pour préserver son confort et son niveau de vie actuels ?

J’ai passé mes deux années de Master à me demander quels étaient les ressorts de la solidarité, notamment chez les bénévoles des associations que j’ai côtoyées. De cette expérience, j’ai retenu l’importance de l’écoute et de l’empathie dans le recueil de la parole. J’ai aussi découvert que ce qui me plaisait, c’était comprendre et rendre compte du vécu de gens de tous horizons. Déjà, l’idée d’un blog me traversait, mais je ne me sentais pas encore capable d’y consacrer l’énergie nécessaire. Je lisais Youphil en me disant que moi aussi je finirais par écrire sur des sujets qui font sens.

J’ai écouté une envie récurrente: trouver une formation de journaliste et faire enfin ce que j’aimais. Le verre était à moitié plein: les cours étaient de bonne qualité mais les sujets que je couvrais dans ma rédaction étaient bien loin de toute solidarité ! En mars 2013, j’ai participé à la première Medialab Session parisienne, un événement sur le modèle des « Start-up week-ends », adapté aux médias. Le principe: pendant 48h, des équipes composées de designers, d’entrepreneurs et de journalistes, s’affrontent pour donner corps à de nouveaux médias. J’avais gagné ma place grâce à mon école, et j’avais franchement hâte de participer à ce week-end de cogitation intense.

… A un sujet d’actualité

Je ne fus pas déçue. En plein questionnement existentiel sur le sens de mon métier, son avenir, mes envies, je me suis trouvée confrontée à des dizaines de personnes toutes plus créatives les unes que les autres. Ça bouillonnait, là-dedans ! Développement, open science, journalisme, business models: j’ai appris beaucoup et rencontré une foule de gens. Au détour d’une discussion, on m’a conseillé de rencontrer les membres de OuiShare, de MakeSense… Qui? Deux communautés au service de l’économie du partage et de l’économie sociale et solidaire. Déconnectée de ce secteur depuis fin 2011, je ne les connaissais tout simplement pas.

Le champ qui s’est ouvert devant moi était énorme ! Une porte en ouvrait une autre. Toujours plus de gens et de projets intéressants. Trop ! Impossible à ce moment de faire le tri et de voir ce qui vraiment me donnait envie de creuser. L’envie de bloguer était toujours présente, mais mon boulot me prenait trop d’énergie. Puis, vint le chômage. Déclic: yen a marre de tout remettre à plus tard. Je me lance « sans attendre », comme y encourage Thibaud Clément, ennemi du « Oui, mais ». J’ai tellement de choses à raconter, tant le monde de demain s’invente aujourd’hui. Alors ça sera ça mon sujet: l’innovation sociale, on/off line, et la façon dont elle fait bouger la société, qui en a bien besoin.

Le partage en commun

Au sein de ces communautés, nées en ligne ou dans la vraie vie, on peut tout partager: des services, des biens, du temps… Le succès fulgurant de OuiShare, créé en 2012, n’étonne pas ceux qui notent depuis quelques années que l’usage reprend du terrain sur la propriété. Les gens qui font vivre cette communauté m’ont donné l’envie d’assumer et de me lancer: je ne suis pas plus légitime, mais pas moins qu’un autre.

Sur les réseaux sociaux, on partage surtout ses informations, ses trouvailles. On se donne des preuves que le monde change, maintenant et rapidement. Le rôle du journaliste n’a jamais été si flou et pourtant si crucial. Je veux participer à ce partage et décrypter, décoder avec le public les enjeux sociaux et environnementaux qui nous attendent.

Une autre crainte m’a longtemps arrêtée: que mes billets puissent se retourner contre moi. Je ne sais pas combien de temps je serais journaliste ni pour qui j’écrirais.

Me voilà prévenue… Let’s go blogging !

3 Replies to “Tenir un blog ? Pourquoi pas moi !”

  1. « Une autre crainte m’a longtemps arrêtée: que mes billets puissent se retourner contre moi. Je ne sais pas combien de temps je serais journaliste ni pour qui j’écrirais. » – C’est une préoccupation de tous les blogueurs, je pense. 🙂
    Je voudrais aussi vous laisser mon impression avec une question: Vous dites que c’est pas suffisant de savoir écrire pour bloguer. Je comprends votre avis, mais est-ce que serait vrai que bloguer doit avoir toujours du sens? Je pense que vous avez un but journalistique, alors votre avis s’applique définitivement à vos travaux. Mais la géneralisation m’intrigue un peu, car, par exemple, je ne suis pas journaiste, mais je blogue. Et je n’ai pas pensé mon blog si organiquement. Est-ce que vous comprenez?
    De toute façon, je vous félicite de ton texte et de partager ta réflexion. 🙂

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